Constantijn Huygens aan Amalia van Solms
5 november 1645
n0147

Bron: LHASA, A7b, 109A, 2

Transcriptie

Au camp de Hulst, le 5e nov. 1645

Nous venons enfin de veoir la sortie, non pas d’Israël hors d’Egypte, mais d’Egypte hors d’Israël et, grâces à Dieu, le capitaine des gardes commande dans la ville. Demain ce pourra estre Mons.r le comte Henry qui j’espère en rendra tousjours bon compte à S.A. Je percevoy que le lieutenant-coronel Bijma, qui a demandé la charge de major, la pourra obtenir devant d’autres capitaines qui s’y sont déclarés, car il est très-honest’homme et soigneux officier. Le Sieur Beaufort, me semble, doibt obtenir la charge de commis du magasin dans lequel il s’est trouvé une immense quantité de poudre de reste, sçavoir, jusqu’à plus de 600 tonneaux. Item bales de canon à l’advenant. De la mesche aussi grande provision, mais de bales de mousquet non plus que 1.600 livres. En tout, 20 pièces de canon, 16 de fonce verte et 4 de fer. Bonne provision de sel, mais de bled, froment, ou segle pas un grain. De grenades tant à main qu’à mortier, encor bon nombre tant préparées que vuides. D’autres matériaulx, comme des pesles, hoyaux, aucune pièces, non plus que d’armes offensives ny défensives.

De lire à V.A. les particularités du monde qui en est sorti et de celuy qui en est venu de tous costes à la foule pour le veoir sortir, ce seroit faire grand tort à M. de Heenvliet qui a assisté à tout et en fera de beaucoup meilleurs récits de boucle, comme aussi de la patience que S.A. prise pour en veoir la fin s’estant mise à table pour disner environ le soleil couchant encor avec des dames conviées en gaste.

Tout ce qui me reste c’est de faire veoir à V.A. les articles de la capitulation ci-joincts. Dans ceux des gens de guèrre V.A. observera comme deux coronels les ont signéz aveq le gouverneur. Le troisième, qui est Giraldin l’Yrlandois, a persisté à le réfuser et s’en est fait mocquer de tout le monde, n’y ayant eu que luy qui ayt voulu faire du mauvais. Là, ou il n’y a eu que luy dont le porte a esté occupé, à sçavoir, la pointe du bastion attaqué par S.A. où premièrement monta un sergéant avec 20 hommes, relevé par le Capitaine Ogle qui s’y maintient vaillament comme encor après luy les capitaines Lichtenbergh et Vane, chacun a son tour, quand la chamade a commencé à sonner.

À ce soir Mr. le comte Guillaume a eu ordre d’aller entreprendre l’attaque du Moerspaye, qui est un fort de 5 bastions et qui se peut inonder bien avant, mais une digue va droict à sa contrescarpe, comme isy. V.A. sera soigneusement advertie de ce qui se passera, soit vers là ou ailleurs.

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