Constantijn Huygens aan Amalia van Solms
10 november 1645
n0148

Bron: LHASA, A7b, 109A, nr. 4-5

Transcriptie

Au camp de Hulst, le 10 novembre 1645

Monsieur le Comte Guillaume est tousjours en procès contre ces mauvais adjoints de Moerspuyen, qui continuent de se défendre aigrement. Avant-hier il se trouva obligé de desloger d’une petite maison qu’il avoit prinse pour son couvert, après y avoir receu 26 coups de canon, dont une bale de 8 livres tomba devant son lict, comme il reposoit. Cependant, depuis que M. Ferens est venu loger aveq son monde du Sass à Suytdorpe, les assiegés ont esté contraints de quitter une digue, de laquelle ils l’incommodoyent avec 3 pieces de canon, outre 8 ou 9 autres dont ils s’escriment de dedans le fort, qui n’est donq pas un chat à prendre sans gants et toutefois s’en va plier à la fin. Selon les advis d'hier au soir, à ce matin, il devoyent n'estre guères loing de la contrescarpe et desja les a on pourveu d'un pont qui apparemment fera la mesme peur à ces gens là qu’en ont eu ceux de Saint André qui ceste nuict ont esté emportez dans la garde de M. de Morrée. Le pont fut trouvé trop court, mais nos gens en servirent comme d'un bateau et ainsi passèrent quand desja ceux de dedans au nombre de 115 soldats avoyent crié au quartier: Continuons de le demander les armes à la main, quand nos gens eurent passé. Ce qui estant refusé, ils les jettèrent tous et ainsi furent sauvez. Le lieutenant de Boiseuguel s'y trouvant volontaire, y a receu un coup de pique à la cuisse. Le capitaine, plus prudent qu'il ne debvoit, s'estoit retiré au hault de la redoulte et prioit qu'on luy sauvait la vie en termes bien pressez. Mais tout ce qu'on luy voulut prometre, ce fut qu'on le mèneroit vif au coronel, sur quoy il descendit aveq beaucoup de frayeur et luy fut tenu parole.

Hier le capitaine Wallingford, anglois, fut tué. Item le capitaine Beveren, et ainsi ces petites occasions vont coustant d'aussi honestes gens que la grande, qui en est l'ordinaire.

Ce grand bruict de l'Isle ne semble pas devoir avoir de la suitte pour encor. M. de Gassion mande a S.A. comme il est après à asseurer leurs conquestes par la fortification de Menin, de Comines et d'Armentiers. Au moyen de quoy ces armes de France se joindront tousjours aux nostres quand on le trouvera nécessaire et adieu donq la Flandre.

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