Constantijn Huygens
aan Amalia van Solms
20 juli 1646
n0154
Bron: LHASA, A7b, 109A, 16

Transcriptie

Au camp à Selzaten, le 20e juillet 1646

Je pourroy me remettre de toutes choses au rapport de M. Haga, mais je n’ose demeurer en faute de ce que Votre Altesse a eu aggréable de me commander avec tant d’instance. Les sieurs de Remond et Bergerac s’en retournèrent hier à midi vers l’armée Françoise et y doibvent estre présentement arrivez. Ils n’ont eu rencontre d’enemis, qui pourroit bien estre, parce que l’on apprend que Monsieur de Lorraine s’estoit avancé dans le pais en tirant vers le chemin e Bruges, qui est apparement par jalousie qu’ils ont de ceste ville, et pour ensemble traverser nostre junction, de laquelle ils ne sçauroyent estre ignorant.

Le secours François donq doibt venir dans peu de jours et Monseigneur le Prince Guillaume va au devant aveq toute la cavallarie qui sera bonne escorté. Il faut veoir de quoy Dieu nous rendra capables après ceste conjunction faicte. Si j’estoy si heureux que M. Haga, je pourroy parler à Votre Altesse de choses que je n’oseroy escrire. Il nous fault prier Dieu.

Son Altesse dure mieux dans le lict qu’elle ne souloit, mais ne se renforce guères d’ailleurs. Aussi ne s’y applique-elle pas par le régime dont elle a tant béning. Il est vray qu’hier au soir elle ne souppa point de tout. Et cela valoit encor mieux que le disné qu’elle avoit faict premièrement de pekelharing en après de fruicts et sur la fin de moules, item de l’eau de fontaine. De quel visage pense Votre Altesse que nous regardons tout ce désordre et en quel désespoir l’on se trouve de n’y‎ pouvoir remédier? Je supplie très humblement Votre Altesse d’y vouloir contribuer par des lettres tout ce qui sera possible.

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