Constantijn Huygens
aan Amalia van Solms
5 september 1646
n0174
Bron: LHASA, A7b, 109A, 53-54

Transcriptie

Au camp à St. Gillis, le 5e septembre 1646

Le ministre du Mareschal de Gassion, nommé Du Prat, arriva hier icy, n’estant parti que le jour auparavant de devant Duynkercke et confirmant de bouche les lettres par lesquelles Aquilius mande que tandis qu’on est après à réparer les bresches de Mardijck, ouvrage qui procède assez lentement, parce que le pais delà autour est seq et stérile et la fascine se doibt apporter de fort loing. L’armée commandée par Monsieur d’Anghien se rafraichist là auprès à Pitgam et autres villages delà autour, sans que l’on y parlait de renvoyer querir ces trouppes icy, mais pourtant aujourd’huy Monsieur de Grammont est venu dire à Son Altesse qu’il avoit receu lettres par le gentilhomme qu’il avoit envoyé (Dieu sçait s’il ne nous paye de blanqs signez) en vertu desquelles il nous faict espérer que nous ne serons pas importunez de luy plus que de 6 ou 8 jours. Il fault veoir ce qui en arrivera et quelle escorte nous serons obligez de luy faire, dont je voudroy que nous nous fustions desja bien acquittez, car l’enemi guette ceste occasion. Ledit ministre est homme sçavant et curieux, en bonne estime parmi les siens et qui sçait sur le bout des doigts tout ce qui s’est passé du costé des François en ceste campagne-ci d’autres, qu’il a toutes mises par escrit, prétendant mesme d’en faire imprimer quelque partie en Hollande où il ne va, dit-il, que pour visiter ses anciens amis qui sont Monsieur Rivet, Monsieur Saumaisse, Heinsius, Barlaeus, Vossius et autres. Je le fay accommoder d’un bateau pour le transporter d’icy à Breda qu’il a grande envie de veoir, ayant assez de cognoissance du reste des Provinces pour y avoir autrefois esté à la conduitte de [mess.rs?] de Chastillon. S’il plaist à Votre Altesse de luy donner audience, elle trouvera de quoy rassasier sa curiosité en ses rapports, car il ose parler clair de tout ce qui s’est faict et failly de leur costé et des traverses que l’on trame continuellement au brave Mareschal de Gassion par ceste malicieuse envie, qui divise la Cour de France et encor la doibt ruiner. Ce grand placcart de lettre du Roy de Poloigne m’a esté mis en main par le sieur Oborski. Je ne sçay pourquoy m’imaginant par conjecture qu’il ne porte qu’un compliment attaché au voyage du résident Roncaglio, qui est présentement à La Haye. Votre Altesse y est anabaptisée du nom d’Elizabeth, mais le reste de la lettre fera veoir qu’elle ne s’adresse qu’à elle.

À ce matin Son Altesse a envoyé en don au mareschal de Gassion ses 7 meilleurs chevaulx de carosse aveq deux jeusnes chevaulx du haras, les plus beaux qui se puissent veoir et richement harnachez et sellez aveq pistolets et tout ce qu’il fault, qui véritablement est bien le plus beau présent que l’on ayt veu faire jamais en ceste sorte.

Nous attendons tousjours advis d’Hollande de ce qu’il semblera à ces messieurs qu’il se doibve faire de l’armée. Cela venu, qui sera apparemment dans demain nous verons de loing ce que nous devons devenir. Je croy le chemin de mes lettres aucunement seur, mais n’ose pourtant pas m'y fier du plus important de ce qui se passe icy. À ce soir Son Altesse a dit à Monseigneur le Prince Guillaume qu’il sera bon qu’il ne bouge de sa chambre quand les députez des Estats y viendront en déliberation aveq elle, disant avoir oublié tout c’est costé de le luy dire.

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