Constantijn Huygens
aan Amalia van Solms
16 september 1646
n0179
Bron: LHASA, A7b, 109A, 65-66

Transcriptie

Au camp à St. Gillis, le 16e septembre 1646

J’eusse eu mauvaise grâce de faire passer de mes lettres aveq les seigneurs qui s’en allèrent avoir l’honneur d’entretenir Votre Altesse de ce qu’ils sçavoyent de nos nouvelles aussi bien que moy.

Depuis leur départ il est arrivé lettres du lieutenant-admiral Tromp d’avant-hier, qui mande que Monsieur le Duq d’Anguien faisant instances continuelles à ce qu’il le seconde de tout ce qu’il peut par eau à favoriser le dessain qu’il a sur Duynkercke, il se trouve en peine de ne se veoir qu’une petite flotte de 5 ou 6 vaisseaux autour de luy et de ce que cependant les Anglois Parlementaires ayant quantité de vaisseaux de guerre à la rade des duns depuis la prise de Chasteau de Pendennis au port de Falmouth la plus importante pièce qu’ayt eu le Roy. Les bruicts courrent fort serré que leur intentions seroit de s’ouvrir à force le passage dudit Dunkercke, en cas qu’on s’y veuille opposer, ce que ledit lieutenant-admiral ne trouve aucunement faisable, s’il n’est fortifié de plus grand nombre de vaisseaux et que dans ceste perplexité il a envoyé son fiscal demander ordre à Messieurs les Estats Géneraulx, qui ne trouveront pas peu de difficulté en ceste délibération.

Tout présentement vient d’arriver le sieur Van der Mijle, député par les Nobles d’Hollande, sur la délibération qui trotte en l’assemblée touchant le choix de conclure une trefves à temps ou une paix absolue. La pluspart des villes inclinant au de…[ ?] Haerlem, Leiden et Goude seulement, ayants raisonné à l’encontre et enfin demandé d’en apprendre les sentimens de leurs principaulx. Son Altesse se veut confirmer à ce que l’assemblée trouvera convenir pour le plus grand bien service et seureté de l’Estat des Provinces Unies. C’est cependant, à mon advis, le plus hault point, qui jamais se puisse mettre sur le bureau de nostre Estat. Dieu assiste ceux qui en ont la direction en main.

L’armée va, se déchargeant de son bagage pour marcher demain ver les bateaux, de quoy présentement Monsieur de Grammont est fort content, espérant d’y trouver absolument le compte de son Roy que Dieu veuille.

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