Constantijn Huygens
aan Amalia van Solms
20 juli 1646
n0149
Bron: LHASA, A7b, 109A, nr. 16
Transcriptie
Au camp à Selzate, le 20e juillet 1646, après-soupper.
La rencontre de Monseigneur le Prince Guillaume aveq le secours des François avoit esté concertée pour le 22e, qui sera dimanche à la poincte du jour. Aujourd’huy après-disner nous avons esté tout surprins de veoir arriver 120 chevaulx François, menants icy le Comte de Marcheville aveq lettres du Duc d’Orléans, escrites à ce matin à son arrivée, se trouvant proche du Canal de Bruge, quasi où l’année passée les Mareschaulx de Gassion et Rantzau nous tombèrent sur les bras, sans mot dire. Ainsi Monseigneur le Prince Guillaume s’en va dès demain les trouver audit lieu. Ce que nous pourrons entamer après, Dieu le sçait, mais moy je sçay que nous ne sommes encor prests à rien, ny ne le pouvons estre de quelques jours, par où il est possible que toutes choses aillent à néant, les affaires se pouvant aussi bien ruiner par précipitation que par négligence. Enfin, nous voyci dans une estrange crise et n’y a que Dieu qui nous en puisse faire sortir sans perte ny honte.
En mesme temps que Monsieur de Marcheville, lettres de Monsier Knuyt sont venues, qui disent que nos députez ont résolu d’envoyer par quelques-uns d’entre eux présenter aux Estats et à Son Altesse les poincts concertés entre eux et les Espagnols et ce pour leur descharge: les François demeurent opiniastrés là ou lesdits Espagnols mesme ont mis entre les mains des nostres absolument tous les intérests qu’ils ont aux Pays-Bas et s’offrent à des conditions raisonnables pour le Roussillon et la Cataloigne. Vostre Altesse, qui se souvient comme nous a touché la seule venue des pouvoirs d’Espagne à Breda, peut imaginer quelle impression nous donne ceste nouvelle icy, et enfin, comme tout va à bastons rompus, Dieu aura pitié de nous.
Le Docteur Verstraten m’a dit vouloir rendre compte à Vostre Altesse de la disposition de Son Altesse en ce mesme pacquet, pourquoy je pense je m’en disposeray mieux pour ceste fois.