Transcriptie
Au Camp à Selzaten, le 24e juillet, après souper, 1646
Le marche a esté enfin résolue pour demain et, s’il plaist à Dieu, nous irons loger à Steken. Le secours Français aura l’avantgarde, nous suivrons aveq l’armée, et un régiment de cavallerie viendra à la queue après le bagage. J’espère que Son Altesse, qui s’est trouvée mieux aujourd’huy que n’a promis la nuict et la matinée, pourra fournir à la fatigue, pourveu qu’elle veuille se laisser gouverner par raisons et prendre l’ayse de son carosse, comme faict bien Monsieur de Gramont, disant que mesme le Duc de Weimar en souloit faire autant, qui sont exemples que nous luy faisons réciter exprès pour persuader Son Altesse à ce qui est raissonable et nécessaire.
À ce soir il vient advis du costé de Gand que Monsieur de Lorraine se trouve là autour avec 9 mil chevaulx en bonne intention d’attenter quelque chose sur l’un ou l’autre de nos quartiers. Monseigneur le Prince Guillaume en a esté adverti par exprès avec ordre de tenir toute la cavallerie preste dès la minuict à monter à cheval et Monsieur de Gramont en sera autant de sorte qu’au moins on trouvera à qui parler.
Demain nous serons plus avant dans le païs, mais je ne perdray pas, si je puis, les occasions de tenir Votre Altesse advertie de ce que nous devenons et principalement comment Son Altesse se trouve de la marche, le jour apparemment debvant estre calme, serein et chaud.