Transcriptie
Au camp à Lokeren, le 28e juillet 1646
Celle par où je me donnay l'honneur hier d'informer Votre Altesse de nostre marche et arrivée en ce quartier a passé vers Hulst soubs la fidélité d'un garçon de paissan. Je veux espérer qu'il n'aura eu mauvaise foy me remontre sinistre, mais ne le voyant encor de retour-là où je luy avoy promis de l'argent, je ne laisse pas d'en estre aucunement en doubte, quoy qui en soit. Ceste lettre ne portoit quasi autre chose, sinon que Son Altesse, tousjours à cheval, avoit assez bien porté ceste fatigue et grâces à Dieu, je puis continuer de dire aujourd'huy la mesme chose et que Son Altensse ne cesse de se proumener à cheval en pourpoint de toile et le collet de buffe dessus.
Ce que j'ay prédit les enemis commence à se vérifier, des gens venus de Dendermonde rapportent y avoir laissé hier Piccolomini, Becq, Monsieur de Lorraine et le Comte de St. Amour dans une grande presse de gens de guerre, qui garnissent bien et soigneusement les endroicts d'auprès de ceste ville, où ils peuvent soupçonner que nous aurions intention de passer la rivière. Ainsi il ne reste que Lamboy contre les François, qui par là ont beau jeu en Flandre et ne s'en prévalent pas tant qu'on sache seulement où ils sont.
Cependant le secours François nous cause bien de désordre dans ce pauvre pais de contribution, qui debvroit estre tenu franq comme la Hollande et se trouve au contraire exposé à tout pillage et autres choses exécrables qui doibvent divertir la bénédiction de dessus nos testes, car dans la confusion de l'eau trouble nos gens s'en rendent quasi aussi coulpables que les estrangers.
Demain il nous vient de Hulst un convoy de plus de 200 chariots de vivres et ce message passera soubs la faveur de la cavallerie qui les va querir.