Constantijn Huygens
aan Amalia van Solms
8 augustus 1646
n0164
Bron: LHASA, A7b, 109A, 35
Transcriptie
Au Camp à Lokeren, le 8e aoust 1646
Je somme Monsieur Verstraten de si près de son devoir en ce qui regarde de rendre compte à Votre Altesse de la disposition de Son Altesse, et il me semble qu’il s’en acquitte si soigneusement, que je croy me pouvoir dispenser d’en dire grand’chose. En gros, je puis tesmoigner que comme ce flux de ventre incommode Son Altesse en ce qui est des forces extérieures de son corps, aussi nous en trouvons celles de sa cervelle beaucoup plus entières et deschargés. Aussi l’avons-nous veu cest après-diner assez bien et longtemps à cheval. Là ou hier ce ne fut qu’en carosse qu’il tentast de se promener. Demain à la pointe du jour nous revenons et allons loger à Waesmunster, qui n’est qu’à une demie heure d’icy. Je n’en dis plus rien à Votre Altesse parce que ceste lettre doibt passer au hazard, à mesure que les choses seront passés, je les débiteray avec franchise et assiduité. Avant-hier au soir nous envoyames querir encor 6 demi-canons hors des bateaux par delà Hulst aveq suffisant convoy commandé par Monsieur de Sommelsdijck. À ce matin l’alarme vint toute chaude au quartier que l’enemi estoit après à battre ce convoy et y eut du plaisir à veoir comme les nouveaux François y courrurent de furie, voyant que Son Altesse y envoyoit des premières gardes à cheval et à pied. À la fin il se trouva que par une charrette n’avoit esté attaqueé, mais que l’enemi avoit approché aveq 6 ou 7 petites trouppes de cavallerie de l’arrière-garde, où Monsieur de Schombergh se trouva, jusques à parler aux officiers de l’enemi qui dans une rue faisoyent semblant de le vouloir attaquer, mais n’y mordirent pas. Monsieur le Comte Henri avoit justement passé là aveq un autre convoy, comme on le menoit malade vers Hulst d’une fièvre continue, qui le tient depuis deux jours. Beaucoup de gens commencent à se plaindre. Le changement de quartier y fera peut-estre quelque bien.