Bron: LHASA, A7b, 109A, 41
Transcriptie
Au Camp à St. Gillis, le 14e aoust 1646
Son Altesse retenant le sieur Haga jusques aujourd'huy, nonobstant que sa lettre fut preste dès hier au soir, j'ay aussi remis à ce matin de me donner l'honneur d'escrire à Votre Altesse outre que dans le poste où nous sommes les nouvelles commenceront à rallentir et déminuer, et que pour à présent ledit sieur Haga peut informer Votre Altesse très amplement de tout ce qui se passe et s'est passé. Pleust à Dieu que je pusse avoir une heure le mesme honneur, mais je n'y puis songer. Si Votre Altesse prend la patience de veoir par escrit ce qu'aussi bien il rapportera de bouche, de ce qui s'est passé cest nuict icy auprès à Beveren, je luy diray que le lieutenant Pelnits, suivant une piste enemie aveq 60 chevaulx, s'est trouvé attaqué par derrière le 50 des enemis, qu'il les a gagliardement combatus et battus, qu'entreprins de l'autre costé d'autres 100 chevaulx, il a tourné sur eux aveq mesme succès. Mais que bon nombre de mousquettaires non-prevus luy ayant faict déchargé dans les flanqs, enfins la force? l'a emporté sur la vertu? et ainsi nostre monde a esté mis en confusion et assez mal mené. Ledit Sieur Pelnits faict prisonnier aveq le cornette de Monsieur de Haulterive, qu'on dit mort ou fort blessé.
L'on tasche de trouver des bateaux propres à passer la mer dans ceux de l'armée pour transporter nostre maudict secours François, Dieu me pardonne, j'auroy de la peine à le nommer autrement et je ne manque pas de temoings qui m'advouent. C'est toute ceste armée que je voudroy veoir nettoyée de ces mauvais et pernicieux mortels. Si ces bateaux n'y peuvent servir, je croy qu'on les employera à les mesner jusques à Rammekens pour de la passer dans des vaisseaux de guerre, qu'il faudra mettre peine à recouvrer.
Son Altesse vient de se proumener à cheval ce devant-disner, je trouve bien logée icy et dans la disposition que Monsieur Verstraten depeindra mieux par sa response.
Le pauvre commandant Huyghen trespassa hier, ce que Son Altesse advoue estre une grande perte.
M. le Comte Henri est tousjours bien malade à Hulst. Monsieur Verstraeten nomme son mal une fiebvre tiercé continue. C'est à dire que sans le quitter se renforce tous les 2 jours.
La blessure de Monsieur Gleser va bien, mais la fiebvre ne le laisse guères en repos. Couverelle s'en va peu à peu la voye de toute clair, au jugement de Verstraten.