Constantijn Huygens
aan Amalia van Solms
7 september 1646
n0175
Bron: LHASA, A7b, 109A, 55-56

Transcriptie

Au camp à St. Gillis, le 7e septembre 1646

Comme nous attendions nouvelles de ce que l'armée Françoise auroit investi Menin, selon ce qu'un gentilhomme envoyé l'avoit comme asseuré, nous nous trouvons tout estonnez d'apprendre à ce soir que le Duq d'Anguien ayant apprins que le marquis de Caracène avoit prins le devant vers Menin, a tourné à gauche, a entreprins et prins Veurne sans coup férir et delà s’en est allé attaquer Nieupoort qu'il bat à coups de canon. Ces choses nous font doubter que ces Messieurs pourroyent avoir envie de nous engager de pousser jusqu'à Bruge nous demander la moitié du siège et nous promettre la conqueste entière, suivant l'authorisation qu'on dit que Monsieur d'Estrade en a dans sa pochette, nonobstant que la place soit du partage de la France. Ainsi dans demain ou après nous attendons quelqu'envoyé, qui apparemment nous viendra faire l'une ou l'autre ouverture inopinée, car ce n'est pas à quoy nous nous disposions icy.

Votre Altesse ne trouvera aucune mention de ce que dessus en ceste enclose, car elle a esté escrite cinq ou six heures devant ladite nouvelle, qui a bien surprins du monde icy et cependant se trouvera véritable. Le Duq d'Anguien (depuis que Monsieur le Duq d'Orléans a quitté l'armée) estant à mon advis comme un jeusne garçon qu'on a monté une des premières fois sur un bon cheval aveq lequel il se promena et ne reviendra pas au logis qu'il ne soit noire[?] nuict. Pour moy, s'il ne luy arrive du malheur, j'estime que de deux moiz il ne sortira pas de campagne.

Le résident Schrassert à Hambourg continue de mander tant de miracles à Son Altesse des nouvelles fontaines qui ont paru à Hornhausen, y estant présentement accouru jusques à douze mil hommes en une fois comprins l'Electeur de Brandebourg, la vielle Reine de Suède, Torstenson et grand nombre d'autres seigneurs, qu'enfin Son Altesse escoutte et me commande de sçavoir de Schrassert si ces eaux sont transportables et s’il s’en boit ailleurs que sur les lieux de leurs sources; car en ce cas Son Altesse mesme auroit envie de s’en prévaloir. Mais nous donnerons bon ordre à ce que ce ne soit sans bon advis préallable de son médécin, qui souhaitte d’en veoir encor l’expérience un peu plus confirmée.

J’envoye ce pacquet par la voye qu’on me dit que Votre Altesse auroit commandé de m’ordonner; sçavoir par un de nos messagers, puisque les fraix de l’autre voye semblent monter trop hault, ce que cependant je ne comprens pas trop bien, parce que j’ay prié le commandeur de Berghe de payer tous ces coumis extraordinaires comme desjà j’en ay rembourssé une partie de mesme que je fis l’année passé. Je soupçonne qu’il y a de la supercherie et en escris présentement à Bochout.

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