Constantijn Huygens
aan Amalia van Solms
13 september 1646
n0178
Bron: LHASA, A7b, 109A, 60-61
Transcriptie
Au camp à St. Gilles, le 13e septembre 1646
Quoyque ni Monsieur Knuyt, ni le bailly de Flissinghe, qui sont tous deux obligez de tenir Son Altesse advertie de toutes nouvelles, n’en mandent aucune depuis plusieurs jours, de sorte que de ce costé-là on diroit qu’il ne sçauroit y avoir rien à faire à Duynkercke les advis de Gant, d’Anvers et de Dendermonde s’y trouvent si conformés qu’on a de la peine à ne la tenir pas le siège pour très asseuré. Les trompettes enemis mesmes n’en font pas la petite bouche, ains[i?] confessent tout haut que l’opinion publique est parmi eux que la place ne pourra plus tenir que 3 ou 4 jours, estant très mauvaise du costé de l’Orient et n’y ayant ny marquis de Lede, ny autre garnison que l’ordinaire qui n’excéderoit pas le nombre de 400 hommes. Par où la peur et la consternation est plus grande au pais qu’elle n’y fut jamais, ce qu’atteste encore un gentilhomme du Duq de Luxemburgh, qui ne vient que d’arriver de leur armée sur l’Escault. De Gand l’on mande que tout y est en esmotion de ce que le marquis de Castelrodrigo y estoit attendu pour y introduire Monsieur de Lorraine et ses trouppes, à quoy la bourgoisie et le grand bailly seroyent résolus de s’opposer jusques à l’extrémité.
Nos trois députez sont sur leur retour et attendus icy demain au matin, un homme ayant asseuré que la nuict après mardi ils devoyent partir de Rotterdam sur les 12 heures. Il tarde à Son Altesse de les veoir revenus. Monsieur Verstraten m’ayant exposé au long les contestations et difficultez qu’il a aveq Son Altesse, dont je suis tesmoing en partie, je luy ay conseillé d’en faire le récit pour sa descharge à Votre Altesse se[?] peut estre ses persuasives pouvoyent induire Son Altesse à se soubsmettre en quelque sorte au régime et aux remèdes si grandement nécessaires qu’on travaille à luy faire aggréer. Les lettres de Hambourg commencent à descréditer les nouvelles Fontaines de Halberstadt, et le résident Schrasser tesmoigne qu’il en a veu revenir grand nombre de misérables qui n’y ont trouvé aucun secours. Cependant on escrit de Stockholm que le viel conte de la Gardie s’y en alloit en espérance de recouvrer sa veue quasi toute perdue. Plusieurs sourds et aveugles s’accompaignants à ce voyage, pour lequel la Reine de Suède luy a faict fournir 4.000 rijxdalers. Tout nouveau sainct faict nombre de miracles.