Constantijn Huygens
aan Amalia van Solms
15 oktober 1646
n0185
Bron: LHASA, A7b, 109A, 77-78

Transcriptie

Au camp devant Venlo, le 15e octobre 1646

Ces assiégez ne cessent de faire grand feu de leur canon et tesmoignent bien d'estre pourveuz des bons et opulens magazins tout au fort que dans la ville, quoyque cependant ils ne tirent que fort peu de monde. Avant-hier l'enseigne du capitaine Grandperin qui avoit entreprins quelqu'ouvrage en fut atteint et tué. Avant-hier aussi la ville fit une sortie sur les approches des compagnies Angloises soubs Monsieur Aylva ne s'esvertuèrent pas comme ceste nation a bien accoustumé de faire, mais pourtant l'effort de l'enemi ne fut de grand effet. Le mesme jour un caporal envoyé dehors par Monsieur de Brederode aveq 8 ou 10 chevaulx en batit 28 et en mena un lieutenant prisonnier aveq plusieurs soldats.

Encor le mesme jour ceux de la ville firent response à une seconde lettre que leur avoit escrite, Son Altesse protestant ne pouvoir mais du refus qu'ils faisoyent de traicter. La garnison ayant encor esté renforcée depuis la première sommation, comme elle le peut encor bien estre à tout heure. Là-dessus le feu fut pris de nouveau en divers endroits de la ville qui ayent bruslé toute la nuict et souffrit un grand domage, fut sommé par une troisième lettre hier, mais respondit de mesme que par le passé, en suppliant Son Altesse de ne vouloir point continuer ceste destruction, n'en pouvant revenir du bien à personne et pour eux ne leur estant possible de faire ce qui seroit bien raissonable, autrement en certe leur grande misère à cause des raisons portées par leurs dernières lettres. Que si ceste nuict passée on eust continué de tirer le feu dans les maisons, l'embrasement eust esté universel et pitoyable par le grand vent qu'il a faict, mais Son Altesse ne l'a pas voulu.

Hier, dimanche, soubs le presche, l'on crut que les enemis fissent quelque forte sortie sur Monsieur Ferens, qui estoit de garde à cause de grosses salves qu'ils tirèrent, tant de canon que de mousquetterie. Mais il fut trouvé que ceux du fort firent une procession de croix et banières autour de leurs remparts à l'honneur, croyons nous de Sieur Boniface, dont l'Almanacq dit que ce fut le jour, et ceste dévotion fut eschauffé par tant de poudre.

La faute de munition et de matériaulx où nous nous sommes trouvez en venant icy, nous a obligé à vuider les magazins plus proches; mais tout cela mesme vient lentement, à cause du grand chemin qu'ont à faire les convoys. Ceste nuict il en vient un de Rhijnberck et ne passera pas sans difficulté ny grand danger; qui va augmenter de jour en jour, maintenant que les enemis sont formelement arrivez à Rurmonde et y font ou desjà ont faict un pont sur la Meuse qui nous obligera de prendre garde à nos postes. Les rapports des forces enemies sont fort divers, mais il est apparent qu'elles sont moindries que le bruict n'en court, maintenant que l'enemi a tant besoign de son monde en Flandre après Duynkercken rendu. Monsieur de Gassion a escrit à S.A. comme il capituloit et comme ils prétendoyent encor de bien employer le temps de la saison qui reste. Nous attendons nouvelle de l'exécution de ces articles.

La disposition de Son Altesse continue en mesme estat. Elle disne d'ordinaire en publiq, mais souppe dans sa chambre.

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