Transcriptie
Au camp de Venlo, le 23e octobre 1646
Tout ce que je puis dire depuis ma dernière, c'est que plusieurs considérations d'importance ont faict résoudre Son Altesse aveq communication des députez de Messieurs les Estats de retirer les trouppes de Monsieur de Brederode vers icy et de les joindre au reste de l'armée, de sorte que demain au matin elles doibvent se trouver icy dans le retrenchement que nous avons par delà la rivière devant le pont.
Au approches, qui mal proprement se nomment telles, l'on ne faict que maintenir ses postes et parfois tirailler quelque coup de canon et de mousquet de part et d'autre. Ce que les soldats jugeant estre un assez maigre et inutile passetemps, il leur tarde grandement de se veoir hors d'icy où véritablement l'armée pâtit grandement par le temps rude, froid et mouillé, qu'il fait tous les jours contre quoy personne ne se trouve encor pourveu de choses nécessaires. Nous y durerons toutefois jusques à ce que la sagesse de La Haye commence à comprendre qu'il vaudroit mieux espargner de belles trouppes que de les laisser ruiner pour un plaisir inutile.
Son Altesse s'est un peu replainté aujourd'huy de ce mal au bas du ventre qu'elle sentit à Berghe, mais cela a passé en moins de rien, et j'admire comme dans ceste saison sa disposition subsiste beaucoup mieulx qu'elle n'a faict en esté.